Naufrage d'un cargo au large des côtes françaises : "une crise majeure"
Un cargo italien, le "Grande America" vient de sombrer dans le Golfe de Gascogne. Outre sa cargaison en partie polluante, une nappe d'hydrocarbure vient d'être repérée en mer et menace le littoral atlantique. Une "crise majeure" pour le préfet maritime.
Le 10 mars 2019 en soirée un incendie se déclare à bord du "Grande America", un navire de commerce de type ConRo (navire hybride entre un roulier et un porte-conteneurs), construit en 1997, d'une longueur de 214 mètres pour 56 600 tonnes à charge et battant pavillon italien.
Il provenait d'Hambourg (Allemagne) et faisait route vers Casablanca (Maroc), il se trouvait à 140 mille nautiques (près de 260 km) de la pointe de Penmarc'h (Finistère) lorsqu'il s'est signalé en détresse.
Les 26 membres de l'équipage et un passager ont été recueillis par la frégate britannique HMS Argyll puis transféré à Brest par le Bâtiment de Soutien d'Assistance Affrété (BSAA) Argonaute.
Dans le même temps, le dispositif ORSEC maritime de niveau 3 est aussitôt activé sous la direction du vice-amiral d'escadre Jean-Louis Lozier.
Le dispositif ORSEC (Organisation de la Réponse de Sécurité Civile) maritime Atlantique détermine l'organisation générale des secours et interventions en mer en matière de sécurité civile et définit dans ce domaine les modalités de direction des opérations. Il permet une mise en œuvre rapide et efficace de tous les moyens nécessaires sous l'autorité du préfet maritime de l'Atlantique.
L'armateur du navire, Grimaldi Group, en réponse à la mise en demeure du préfet maritime et compte-tenu de ses obligations en tant que propriétaire du navire, a mandaté la société ARDENT (Société de salvage) qui a affrété deux remorqueurs afin de rallier le navire en difficulté : l'Union Lynx, depuis Vigo (Espagne) et le Tera Sea Hawk, depuis Rotterdam.
Sur le même sujet :
Un cargo en feu contenant 3 800 voitures, dérive dans le Pacifique
Novembre 2002, le pétrolier Prestige sombrait avec plus de 70 000 tonnes de fioul
Le pétrolier iranien Sanchi sombre et engendre une "marée noire" très étendue en Mer de Chine
Marée noire due au naufrage de l'Erika : Total définitivement condamné, préjudice écologique reconnu
Cependant, malgré l'intervention du remorqueur d'intervention, d'assistance et de sauvetage (RIAS) Abeille Bourbon, pour éteindre le violent incendie à bord, le navire italien coule le 12 mars dans l'après-midi. Il gît maintenant par 4 600 mètres de fond à environ 180 nautiques (333 km) à l'ouest de La Rochelle.
Lors d'une conférence de presse donnée à Brest, le 13 mars 2019, le préfet maritime a précisé que le navire transportait "365 conteneurs, dont 45 répertoriés comme contenant des matières dangereuses et un peu plus de 2 000 véhicules", des sources de pollution durables au fond de l'océan...
Le vice-amiral d'escadre Lozier a précisé à l'AFP que les conteneurs dangereux contiennent une centaine de tonnes d'acide chlorhydrique et quelque 70 tonnes d'acide sulfurique. Une éventuelle pollution resterait toutefois très localisée et "la dilution dans l’espace océanique n’entraînerait pas de conséquences graves pour l’environnement", a-t-il ajouté, indiquant qu'une grande partie de ces produits avaient vraisemblablement déjà brûlé.
De plus, une quarantaine de conteneurs sont à la dérive alors qu'environ 2 200 tonnes de fioul lourd menacent maintenant d'engendrer une marée noire sur les côtes françaises. Le préfet maritime souligne qu'il s'agit d'une "crise majeure".
Une nappe d'hydrocarbure menace le littoral atlantique
Actuellement, le carburant présent dans les soutes est la principale source de préoccupation. En effet, il a déjà commencé à s'échapper et une nappe d'hydrocarbures a été repérée par l'avion de patrouille maritime Atlantique 2 de la Marine nationale. Ces observations aériennes ont été confirmées par le BSAA (Bâtiment de Soutien et d'Assistance Affrété) VN Sapeur, maintenu sur la zone d'opérations par les autorités maritimes.
Cette nappe d'hydrocarbures s'étend actuellement sur une dizaine de kilomètres de long pour un kilomètre de large et risque de toucher la façade atlantique entre la Charente-Maritime et la Gironde "dans plusieurs jours", selon le vice-amiral d'escadre Jean-Louis Lozier. Les dépôts d'hydrocarbure sur les côtes devraient plutôt prendre la forme de galettes de pétrole plutôt qu'une marée noire.
C'est pourquoi, le préfet maritime de l'Atlantique a ordonné l'appareillage depuis Brest du BSAA Argonaute, un navire spécialisé dans la lutte anti-pollution. Il est attendu ce jeudi 14 mars matin sur zone. De plus, le préfet maritime de l'Atlantique a sollicité le concours des moyens de lutte antipollution de l'Agence Européenne pour la Sécurité Maritime (EMSA). |