L’Afrique, un partenaire majeur pour Haropa
L'escale était symbolique, le 9 mai dernier. Le navire conventionnel "Constantine" inaugurait à Rouen une nouvelle liaison avec l'Algérie. La Compagnie nationale algérienne de navigation (CNAN Nord) a ainsi intégré le port d’Haropa dans sa rotation régulière reliant les ports d'Alger, Oran, Annaba, Béjaia et Skikda, avec l'Europe du Nord, avec ses navires polyvalents (Multi Purpose Vessel). "Près de trente escales annuelles sont attendues, s’est réjoui Olivier Ferrand, directeur du développement d’Haropa le 26 mai, lors d’un Webinar dédié à l’Afrique. A nous de nous mobiliser collectivement pour pérenniser ce nouveau service maritime et développer le trafic conventionnel vers le marché algérien".
Marché en croissance
Car l’Afrique est "un marché en pleine croissance et stratégique pour Haropa", a rappelé Laurent Foloppe, directeur commercial et marketing. Il représente 15 % du trafic global, à environ 13 millions de tonnes traitées pour moitié par le port de Rouen et l’autre du Havre, et avec une progression qui atteint 12 % ces cinq dernières années. Deux tiers sont réalisés à l’export avec les céréales et le conteneur, et un tiers à l’import, tiré par l’activité pétrole brut, le cacao, les fruits et légumes.
Cette conférence organisée par Haropa avec Ports et Corridors a été l’occasion d’aligner une flopée de chiffres : l’Afrique représente pas moins de 49 % du trafic des vracs solides d’Haropa, à 6,8 millions de tonnes, "soit une tonne sur deux", selon Olivier Ferrand ; 7 % du trafic des vracs liquides à 3,22 millions de tonnes, et, avec 53.000 véhicules échangés, le roulier traité avec l’Afrique représente 13 % du trafic d’Haropa. Enfin, la part des ports africains représente 10 % des flux de conteneurs des ports de l’axe Seine avec 265.000 EVP. Autant de flux concentrés sur essentiellement trois destinations : l’Algérie, qui représente notamment 40 à 50 % des exportations des céréales d’Haropa, le Nigéria et le Maroc, suivis de l’Afrique du Sud et du Cameroun.
Nécessaire digitalisation
Si les ports africains n’ont pas été épargnés par la crise du Covid 19, "les services ont été perturbés mais maintenus", a noté à Abidjan Jean-Marie Koffi, secrétaire général de l’Association de gestion des ports d’Afrique de l’ouest et du centre (AGPAOC). Les nouvelles contraintes ont "rendu nécessaire le passage à la digitalisation, une action forte des ports d’Afrique de l’ouest et du centre". Et, a noté Romain Massoulle, Line Trade Manager de NileDutch, "poursuivre la dématérialisation des opérations entamée lors de cette crise sanitaire va contribuer fortement à fluidifier le passage portuaire".
Mais "comme chez nous, la bataille de la mer se gagne à terre, a rappelé Patrick Bret, responsable de la division filières commerciales d’Haropa et des échanges avec l'Afrique. Il s’agit donc d’améliorer l’hinterland, les routes et les voies ferrées". Laurent Foloppe se veut optimiste : "L’Afrique attire les investissements de grands groupes internationaux, voit émerger une classe moyenne consommatrice, la modernisation de ses infrastructures portuaires et le développement de la logistique. À nous de relever ce nouveau défi".
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