Piraterie maritime dans le golfe de Guinée: Maersk appelle à une action militaire

Maersk, la plus grande compagnie maritime du monde, a exigé une réponse militaire musclée et coordonnée face à la recrudescence des attaques de pirates, des pillages et des enlèvements contre rançon au large des côtes de l'Afrique de l'Ouest.

Les enlèvements ont augmenté de 40% dans la région au cours des neuf premiers mois de l'année 2020, par rapport à 2019. Il y a eu 132 attaques de janvier à septembre, contre 119 incidents à la même période de 2019, et la zone représente désormais 95% des enlèvements maritimes mondiaux, selon le Bureau maritime international (BMI).

« Il est inacceptable de nos jours que les marins ne puissent pas assurer leur travail qui consiste à garantir une chaîne d'approvisionnement vitale pour cette région sans avoir à s'inquiéter du risque de piraterie », s’offusque Aslak Ross, responsable des normes maritimes à Maersk, basé à Copenhague. « Le risque a atteint un niveau où une capacité militaire efficace doit être déployée », estime-t-il.


Le golfe de Guinée, qui s'étend sur 5 700 km du Sénégal à l’Angola, est traversé par plus de 20 000 navires par an. Corridor stratégique, il sert de voie principale pour les exportations de pétrole brut et les importations de carburant raffiné et d'autres marchandises.

Depuis quelques années, les pirates attaquent plus loin en mer avec des armes sophistiquées. « Les auteurs de tels incidents sont parfaitement conscients qu'il n'y a pratiquement aucun risque d'être pris », a déclaré Munro Anderson, un associé de la société de sécurité maritime Dryad Global basée à Londres. « C'est précisément le genre d'incident qu'une coalition navale internationale pourrait atténuer. »

D’ailleurs de nombreux armateurs sont en faveur d'un effort international plus musclé sur le modèle de la réponse militaire aux détournements au large de la Somalie, qui était l'épicentre mondial de la piraterie entre 2001 et 2012. Gardes armés et navires de guerre envoyés par l'UE, l'OTAN et un groupe de travail dirigé par les Etats-Unis pour protéger les navires traversant le canal de Suez, l'une des routes commerciales les plus fréquentées du monde reliant l'Europe à l'Asie, ont contribué à maîtriser le problème. Résultat : aucun incident majeur n’a été répertorié dans le golfe d’Aden depuis 2018.