Sus au soufre

Branle-bas de combat dans le maritime?: les émissions d’oxydes de soufre devront être drastiquement réduites dès 2020. De quoi accélérer les scrubbers, ces technologies de dépollution des fumées.
La chasse au soufre est ouverte. À partir du 1er janvier 2020, la réglementation imposera au transport maritime une teneur en soufre dans le carburant de 0,5?%, contre 3,5?% actuellement. Un véritable stress test, tant économique que technologique, pour le secteur. Car les carburants à faible teneur en soufre sont 35 à 70?% plus chers que le fioul lourd classique et de nombreuses incertitudes pèsent sur leur disponibilité, leur accessibilité et leur compatibilité technique avec les équipements à bord. De quoi mettre en avant la technologie des laveurs de fumées, ou «?scrubbers?», qui permettra de continuer à utiliser des carburants soufrés.
La bascule vers les scrubbers s’annonce brutale. Alors que moins de 1?% des navires dans le monde en sont équipés, selon l’Institut supérieur d’économie maritime Nantes-Saint Nazaire (Isemar), le cabinet Alphaliner estime que 16?% des porte-conteneurs en intégreront prochainement. «?La demande a doublé en six mois, les cales des chantiers de réparation navale sont pleines et l’échéance de 2020 va poser problème pour certains armateurs?», relevait l’Isemar en novembre 2018. Responsable de l’activité marine pour le fabricant de systèmes de dépollution LAB, filiale du groupe Cnim, Anthony Jigorel confirme cette accélération?: «?Nous sommes passés de trois navires équipés en 2017 à seize en 2018, avec un cœur de marché axé sur le fret.?»
Plusieurs sociétés, comme Yara Marine, Alfa Laval, AB et le motoriste Wärtsilä, commercialisent ces dispositifs de traitement des fumées, dont le coût va de 5 à 10 millions d’euros pour une installation complète.
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